Courrier

Courrier adressé à l'AAPPMA de Massiac et réponse de la fédération de pêche du Cantal
Auteur(s): Vive l'Alagnon Créé le 23 Avril 2021

Objet : pour l'abandon du projet de parcours labellisé avec empoissonnement sur l'Alagnon.


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Messieurs,

L’association « Vive l’Alagnon » vient d’être informée de la mise en place dès le mois de mai 2021 d’un parcours labélisé avec empoissonnement en truites arc en ciel, à hauteur du camping de Massiac, afin de promouvoir la pêche de loisir.

Cette initiative de l’AAPPMA de Massiac, validée par la fédération de pêche du Cantal va toutefois à l’encontre de la politique de gestion des espèces piscicoles des cours d’eau du bassin Alagnon en place depuis plusieurs années.
Notre association ne peut que contester cette décision et souhaite vous faire part des remarques suivantes :

L’Alagnon et ses affluents bénéficient d’une gestion patrimoniale, sans aucun déversement de poissons depuis fin 2016, avec l’arrêt de l’alevinage en jeunes saumons. Nous vous rappelons aussi que vous avez bataillé pour l’obtention de cette gestion dans les années 2010 en arrêtant le déversement de truites puis d’ombres communs. L’étude morphotypique des truites du Cantal réalisée par le Pr LASCAUX à l'initiative de la FDP du Cantal, puis l’étude génétique des ombres communs de l'Alagnon de Mr PERSAT financée par cette même FDP du Cantal et en partie par l'association Vive l'Alagnon, ont permis de renforcer l’idée de protéger et de préserver nos souches de truites et d’ombres communs autochtones, uniques et irremplaçables.
La mise en place d’un tronçon de rivière au niveau du camping de Massiac avec déversement de truites arc en ciel fragilise et remet en cause tout le travail réalisé depuis de nombreuses années.

Cette décision fait courir avant tout un risque sanitaire majeur sur nos populations piscicoles sauvages. Des maladies infectieuses transmises par les poissons de pisciculture telles que la nécrose hématopoïétique infectieuse (NHI) et la septicémie hémorragique virale (SHV) ont une transmission horizontale par l'eau et les sécrétions, le NHI peut rester dans les sédiments plusieurs semaines, le SHV peut parcourir plusieurs kilomètres ; et bien sûr ces deux virus peuvent infecter les truites farios et les ombres communs. D'autres agents infectieux tel que ce champignon appelé Saprolegnia bien connu dans l'industrie de la pisciculture, cause actuellement des ravages dans les rivières Franc-Comtoises avec des mortalités de poissons sauvages récurrentes depuis quelques années.

Nous ne pouvons pas faire courir un risque sanitaire à nos populations piscicoles qui pourrait être amplifié par le transport d’agents pathogènes par le matériel des usagers de l'eau (néoprène, feutre des semelles) sur d’autres secteurs du bassin versant.
Nous aimerions vous rappeler cette phrase de Mr PERSAT : " La population d'ombres commun de l'Alagnon appartient à une souche locale native à forte valeur patrimoniale non renouvelable en l'état en cas de disparition."

Autoriser la mise en place de parcours labélisés sur la rivière Alagnon revient à ouvrir la boite de Pandore : comment refuser la création d’autres parcours labélisés avec lâcher de truites de pisciculture par d’autres AAPPMA, en effet il est certain que cette initiative rencontrera un vif succès auprès des pêcheurs et demandera à être renouvelée voire étendue à d'autres secteurs. Il faut poursuivre le développement d'une pêche nature, sportive, sur les rivières à gestion patrimoniale avec poissons sauvages et proposer une pêche de loisir, familiale sur des plans d'eau fermés avec empoissonnement. A travers ce courrier nous ne remettons pas en cause la pêche de loisir mais nous voulons protéger la faune piscicole de la rivière Alagnon et ses affluents. Il existe probablement des possibilités de développer des partenariats avec d'autres AAPPMA voisines, voir de mettre en place des réciprocités pour partager des plans d'eau et proposer différentes offres de pêche à vos adhérents.
L'association vive l'Alagnon vous demande de revenir sur cette décision de création d'un parcours labélisé avec empoissonnement, sur l'Alagnon.
Notre association sera toujours présente à vos côtés pour lutter contre les agressions des milieux aquatiques et préserver la vie des espèces présentes.
Nous vous prions de recevoir nos sentiments les meilleurs.
Hervé Brun
Président de l'association vive l'Alagnon


Réponse de la fédération de pêche du Cantal

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2nd courrier adressé à l'AAPPMA de Massiac, à la Fédération de pêche du Cantal et aux techniciens de la fédération de pêche du Cantal

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Copie aux présidents d'AAPPMA du bassin versant de l'Alagnon, aux présidents des fédérations de pêche de la Haute Loire et du Puy de Dôme, à Monsieur le Maire de Massiac, à Monsieur le directeur du SIGAL, à Monsieur Henri PERSAT.


L'association Vive l'Alagnon a pris bonne note de votre réponse suite au courrier du 10 mars 2021 vous demandant d'abandonner le projet de parcours "labellisé " sur l'Alagnon.
Vous avez décidé de mettre en place ce parcours avec lâchers de truites arc en ciel en vous affranchissant des conséquences dramatiques que pourraient avoir une transmission de maladies infectieuses aux population piscicoles natives irremplaçables.

Vous écrivez " La création et le secteur retenu pour un parcours " famille " ne sont pas de nature à remettre en cause les principes fondamentaux définis dans le PDPG".

Comme vous le savez les décisions administratives dans le domaine de l'eau doivent être compatibles avec les dispositions du Sdage (article L.212-1XI du code de l'environnement) ; à ce titre la disposition 9B-4 du Sdage Loire Bretagne est très explicite :

Disposition 9B-4 Les introductions d’espèces non représentées dans les eaux définies à l’article L.431-3 du code de l’environnement, et les opérations de soutien d'effectif ou de repeuplement mises en œuvre dans le cadre des plans départementaux pour la protection du milieu aquatique et la gestion des ressources piscicoles (PDPG) :
- sont orientées vers les contextes piscicoles perturbés ou dégradés ;
- n’interviennent pas dans les masses d’eau en très bon état ;
- font préalablement l’objet d’une analyse de leur absence d’impact négatif sur l’état de la masse d’eau où elles se déroulent.

Toute introduction d’espèces n’ayant jamais été présentes dans le milieu considéré est interdite quelle que soit la nature de la masse d’eau.

Les opérations de soutien d’effectif mises en œuvre dans le cadre des PDPG :
- concernent, dans les cours d’eau de la première catégorie piscicole, uniquement des espèces présentes;
- sont réalisées en dehors des zones où sont présentes des populations autochtones viables, lorsqu’elles sont menées à des fins halieutiques de capture.

Pensez vous réellement que les contextes piscicoles soient perturbés ou dégradés sur l'Alagnon ? nous sommes convaincus que beaucoup de gestionnaires de milieux aquatiques rêveraient d'avoir dans leurs cours d'eau nos populations de truites farios, d'ombres communs Thymalus Ligéricus, et bien sûr notre célèbre saumon de l'Allier.

Concernant l'état des masses d'eau de l'Alagnon, le PAGD du SAGE Alagnon, validé le 18 mars 2019 par la commission locale de l'eau (dont fait partie l'association Vive l'Alagnon) et approuvé par arrêté préfectoral du 30 septembre 2019, a mis en place des actions pour atteindre et maintenir une bonne à très bonne qualité des eaux superficielles. Ce même PAGD fixe un objectif de qualité physico-chimique « excellente » pour les cours d’eau accueillants ou susceptibles d’accueillir des espèces piscicoles et/ou astacicoles patrimoniales. La pression anthropique que vous évoquez est donc bien loin de justifier des déversements de truites arc en ciel.

La fédération nationale de la pêche prône une approche globale et concertée avec comme unité de référence le contexte piscicole : " La loi biodiversité devrait consacrer le PDPG d'un point de vue légal démontrant que les pêcheurs ne sont pas de simples usagers, mais des acteurs au service de la gestion et de la protection des milieux aquatiques et de la biodiversité ".
Nous défendons l'activité "pêche" sur l'Alagnon en soutenant une pratique écologique et responsable, garante de la pérennité de nos souches locales si précieuses.
Il n'est jamais trop tard pour faire machine arrière, et vous savez que vous pouvez compter sur l'association Vive l'Alagnon pour relever à vos côtés, les enjeux actuels et à venir, liés aux milieux aquatiques et à la biodiversité.

Nous vous prions de recevoir nos sentiments les meilleurs.

Dr. Hervé BRUN
Président de l’association VIVE L’ALAGNON
Association de protection de la rivière Alagnon et de ses affluents sur les trois départements Cantal, Haute-Loire, et Puy-de-Dôme.
Membre de la CLE du SAGE Alagnon




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