Monsieur le Préfet,
La fédération de pêche et de protection du milieu aquatique du Cantal et l'AAPPMA de Massiac ont mis en place un parcours pêche à gestion touristique (dite " halieutique"
intitulé " truite arc en ciel" depuis 2021 sur l'Alagnon, au niveau du camping de Massiac.
Des truites arc en ciel issues de pisciculture ont ainsi été déversées à plusieurs reprises dans le cours de l'Alagnon en 2021, puis récemment en mars 2022, malgré nos courriers faisant part notamment des risques sanitaires encourus par les populations piscicoles autochtones et l'incompatibilité d'une telle mesure avec le plan de gestion piscicole du département (PDPG).
L'association Vive l'Alagnon, qui a pour objet la protection du patrimoine naturel du bassin versant de l'Alagnon est membre de la commission locale de l'eau du SAGE Alagnon par décision préfectorale, depuis sa création en 2008. Or le PAGD du SAGE Alagnon, approuvé par l'arrêté préfectoral du 30 septembre 2019, a mis en place des actions pour atteindre et maintenir une bonne à très bonne qualité des cours d'eaux. Ce même PAGD fixe un objectif de qualité physico-chimique « excellente » pour ceux qui abritent des espèces piscicoles et/ou astacicoles (écrevisses) patrimoniales.
D'autre part, l'étude "qualité génétique des populations d'ombre commun de l'Alagnon" réalisée en 2018 par Monsieur Persat (université de Lyon 1), a permis de décrire une nouvelle espèce inscrite à l'INPN : l'ombre de Loire ( Thymallus Ligéricus) et d'enrichir la connaissance de la faune piscicole naturelle de ce cours d'eau et de confirmer sa dimension de patrimoine naturel, qu'il convient de préserver au mieux de toute pression supplémentaire ou gestion inadaptée.
L'association Vive l'Alagnon a informé en 2021 la FDPPMA du Cantal et l'AAPPMA de Massiac de l'incompatibilité de déversements de truites domestiques dans l'Alagnon avec la disposition 9B-4 du SDAGE Loire Bretagne, qui stipule que les opérations de soutien d'effectifs ou de "repeuplement" mises en œuvre dans le cadre des PDPG :
- sont orientées vers les contextes piscicoles perturbés ou dégradés ;
- n’interviennent pas dans les masses d’eau en très bon état;
-sont réalisées en dehors des zones où sont présentes des populations autochtones viables, lorsqu’elles sont menées à des fins halieutiques de capture.
Nous avons surtout rappelé que le PDPG du Cantal approuvé par vos services, fixe une gestion patrimoniale, donc exempte de tout déversement de poissons, sur la totalité de l'Alagnon depuis 2003.
Enfin il nous parait important de mentionner l'article R 434-30 du code de l'environnement qui permet au Préfet de réclamer à une AAPPMA de se conformer au PDPG élaboré par la FDPPMA de son département.
Nous vous demandons en conséquence l'application stricte de la réglementation en exigeant des gestionnaires le retour à la gestion patrimoniale sur l'ensemble du cours d'eau , et donc en interdisant la poursuite des déversements de poissons issus de pisciculture dans l'Alagnon, où ils n'ont rien à faire et sont une source de perturbation des populations naturelles de truites et d'ombres de Loire, du fait de risques sanitaires, d'une concurrence alimentaire et pour l'occupation de l'habitat et, d'un accroissement potentiel de la pression de pêche sur les poissons sauvages par augmentation artificielle de la fréquentation halieutique.
Dans l'attente de votre réaction en faveur de l'intérêt général et de la protection d'un patrimoine naturel qui s'est raréfié partout en France, Je vous prie d'agréer, Monsieur le Préfet, l'expression de ma considération distinguée.